Transparent Postcards

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mercredi 20 mai 2015

Cadavres exquis (A grave with no name)


Face à la vague de bons concerts qui submerge en ce moment la ville lumière, comme chaque année au printemps, je compte mes rares deniers et me vois obligé de faire de sacrés sacrifices.
Puis je commence à envoyer des textos aux potes, histoire au moins de choisir un concert où il y aura quelques visages amis avec qui partager sons et boissons.

« Tu vas voir quoi, dans les semaines qui viennent ? »
« A grave with no name, mercredi prochain à l’Espace B »
« Merde, suis pris ce jour-là. A grave with no name, connais pas de toute façon »

« Salut, ça gaze ? Tu vas voir des concerts bientôt ? »
« A grave with no name, mercredi prochain »
« Ah, toi aussi… »

« Comment ça va ? »
« Plutôt bien en ce moment. Tiens, je vais voir A grave with no name la semaine prochaine, tu viens ? »
« Euh…en fait…non »

« Hello, ça fait un bail, blah blah blah, et sinon tu vas à des concerts prochainement ? »
« Oui, A grave with no name, à l’Espace B »
« Ouais. Ok »

Bon ben voilà, ne me reste plus qu’à écouter, faute de pouvoir admirer le tombeau anonyme sur scène. Ah, ça tombe bien d’ailleurs, ils viennent juste de sortir un album. 
Sauf que l’album en question, je ne suis pas hyper convaincu. Quelques morceaux parviennent à titiller mes tympans, certes, mais bordel, ce que ça ressemble à Sparklehorse quand même, c’est à la limite du plagiat.
Alors j'oublie vite tout ça et je m’occupe d’autre chose. 
Et puis j’y reviens, quelques jours plus tard, avec une intuition : si ça vient de sortir, c’est que c’est pas lui. Je vois mal mes potes se donner rendez-vous sur Deezer ou Spotify pour écouter la nouveauté du jour et décréter en choeur que ce truc inconnu c’est le concert à pas rater.
Non, ça a forcément dû mûrir un peu, faire son bonhomme de chemin dans les oreilles amies….voyons, l’album d’avant datait de quand? Whirlpool, 2013…oui, déjà ça y ressemble plus…

J’appuie donc sur lecture et là, paf, la claque. Le tombeau anonyme se transforme en maison des esprits, où viennent rôder les fantômes de ma jeunesse.
Sparklehorse est toujours là, mais il y a aussi le Mercury Rev d’avant l’overdose de saccharine, et Pavement, Sebadoh, Guided by voices…ou plutôt, ça sonne parfois comme un groupe de petits jeunes de Bordeaux, dans la 2ème moitié des années 90, qui auraient beaucoup écouté Pavement, Sebadoh ou Guided by voices (toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être fortuite). 
Mais surtout, ça sonne comme la musique d’un petit jeune de maintenant, qui a sans doute écouté tout ça et d’autres choses encore, mais qui n’a pas fait qu’écouter, qui a vibré, chialé, hurlé, rigolé, pansé, gerbé, serré avec tous ses muscles, avec tous ses os, avec toute cette musique, qui est devenue sa musique, ses chansons, comme les instantanés du cœur d’un homme, pour l’éternité.


mardi 12 mai 2015

What we talk about when we talk about the summer of love

Pour aller avec les beaux jours, mais sans besoin non plus d'ouvrir les fenêtres en grand, une compil' flower power où il n'y a pas que des fleurs aux noms inconnus, puisque Jeff Lynne joue sur la deuxième, John Peel produit la quatrième et Marc Bolan paye ses hommages à Syd Barrett sur l'avant-dernière.
Pour savoir ce qui se passe ensuite, revenez au mois de janvier.