Transparent Postcards

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dimanche 7 décembre 2014

No doubt (George Brigman)

On n'est sans doute pas sérieux quand on a dix-sept ans, mais on peut le devenir à dix-huit.
Et méchamment, jusqu'à ne plus douter de rien.
On pouvait couper l'air au couteau dans la chambre du teenager George Brigman, en 1974. Dès que la massue des Stooges arrêtait de fonctionner sur la platine tourne-disque, c'était au tour de George de cogner les murs avec toutes les armes dont il disposait, batterie, basse, guitare, voix, chaque corde un fouet.
Mais l'odeur de sang répandue dans la pièce par Iggy et ses bourreaux avait fait surgir un goût étrange, très différent du surgelé consommé par les gamins de son âge, à Baltimore ou ailleurs.
C'était le goût du blues, le vrai, celui du Delta du Mississippi.
En suivant ses effluves de bois humide, d'eau saumâtre et de déjéction de reptile, tout armé qu'il était de métal stoogien, George ne se doutait pas qu'au lieu de voyager au pays et au temps de Son House, il serait propulsé vers l'Angleterre de 1987, à Rugby, chez les hommes de l'espace.
Un wormhole, sans aucun doute.












jeudi 27 novembre 2014

poly-gammes amoureuses (Magnetic Fields)

Vue d'artiste de la magnétosphère terrestre



Visualisation du champ magnétique créé par un aimant 




Chose promise, chose due.
Je vais donc vous parler un peu de Stephin Merritt, qui, comme vous allez le constater, est un être aimant intensément.
Je ne vais pas mesurer TOUTE l'étendue de ses champs magnétiques, non, la tâche serait immense, il faudrait 69 paragraphes juste pour ses 69 love songs....
Non, je vais seulement vous parler de sa musique électronique. Et de comment le jeu d'affinités électives qui la composent la rend profondément unique.
Ben ouais, jeu, composent, électives, unique, musique électronique, le calembour vaut deux balles, je sais, merci, mais puisque c'est vrai de vrai je me l'autorise.
Et si vous avez besoin de comprendre par vous-mêmes avant de bien vouloir vous laisser aller à jouer avec la radioactivité, alors jouez EN MÊME TEMPS du Phil Spector, du Soft Cell, du Jesus and Mary Chain, du Lee Hazlewood, du Vaselines, du Gainsbourg, du New Order, du Beach Boys, du Smiths, du Brian Eno....laissez baigner vos oreilles un petit moment là-dedans....voilà, vous commencez à comprendre, vous pouvez maintenant cliquer sur un des liens ci-dessous. 
A vos risques et périls, bien entendu, comme toujours lorsqu'il en va d'amour et de contamination.





















lundi 24 novembre 2014

télé bocal (Psychic TV)

Dans le chaudron en forme de télévision psychique que touille depuis trois décennies le sorcier Genesis P-Orridge (après qu'il ait abandonné son projet de Cartilage Palpitante au profit d'intentions plus obscures) nagent des bouts de collages surréalistes: des morceaux entiers de bruit blanc, des colonnes sonores de films d'épouvante, des hymnes acid house, des prières chrétiennes et tibétaines, à l'envers et en prose, de la musique classique, concrète et moins concrète.....
Une décoction pas toujours digeste, certes. Mais, à l'époque où la composition de cette mixture pouvait encore être déterminée sans l'aide d'un ordinateur, émergeaient de temps en temps, du noir chaudron, des pépites pop totalement éblouissantes, hommages eighties aux héros des sixties qui parfois auraient pu pousser dans les terres sombres peintes à la chaîne de Jésus et Marie.
Tout ça me fait penser du coup à Stephin Merritt et ses Champ Magnétiques.
Rappelez-moi de vous en parler, un de ces quatre.




 











mercredi 12 novembre 2014

Spaceman 3rd (freelovebabies)






Jusqu'à ce matin j'aurais été incapable de dire pourquoi ce nom ne m'était pas totalement inconnu.
Will Carruthers....oui, ça me disait bien quelque chose....une marque de chips à l'oignon bio? Un illustrateur de livres pour enfants? Une méthode pour perdre dix kilos en dix jours?
Ca fait pourtant depuis mon adolescence que le gars laisse des traces indélébiles sur mes oreilles.
La basse sur "Playing with fire" et "Recurring", de Spacemen 3, c'est lui.
Sur "Spectrum", le 1er album solo de Sonic Boom, c'est encore lui.
Sur "Lazer guided melodies", de Spiritualized, pareil.
Encore fallait-il que je fasse le rapprochement, bien sûr.
Il fallait aussi que je me demande si le gars n'écrivait pas des chansons, des fois.
Et, après avoir découvert que, oui, depuis 2001 Monsieur Carruthers publie bien ses propres compos sous le nom de freelovebabies, il fallait encore que j'ose espérer qu'il ne s'agissait pas juste d'une tentative de singer ses deux célèbres acolytes, Messieurs Boom et Spaceman.
Et ben non, pas du tout. Les chansons de freelovebabies ont germé dans une solution aqueuse tout à fait particulière, une eau océanique puisée dans des profondeurs abyssales, dans laquelle ont été dissoutes à parts égales la pierre lunaire ramassée par Monsieur Carruthers lors de ses voyages en spationaute et une roche préhistorique incrustée des souvenirs fossiles de Tim Buckley et Chet Baker.
De quoi prendre son pied, si on n'a pas peur de perdre pied.











mercredi 29 octobre 2014

Fresh touch (Tomorrows Tulips, Harlem, Sonny & the Sunsets, Dirt Dress)

Je l'ai échappée belle.
Car depuis quelque temps j'ai tendance à me construire des palais sonores de plus en plus anciens, vastes chantiers archéologiques aux tons terreux et aux notes bleues, couverts des herbes de Muscle Shoals, où, évidemment, les pierres s'exilent vers les rues piétonnes, sous les voûtes astrales de l'Homme-Van.
Alors bon, vous comprenez, faut ouvrir un peu les fenêtres, des fois, pour ne pas étouffer dans la poussière.
Heureusement, de temps en temps, je tombe sur quelques fleurs fraîches, enfin pas toujours non plus de la cueillette de saison hein, ça prend parfois deux-trois ans pour arriver jusqu'à mes oreilles, m'enfin, ça m'aide à remettre les pendules presque à l'heure, et ça me redonne aussi un peu le sens des proportions, celles de l'avant-bras plié et du majeur levé à l'encontre des statues de pierre.
Du bancal, du pas-très-bien-joué, du enregistré-avec-les-pieds, du sans-lendemain, de l'excès de vitesse et du délit de jeunesse.
Du qui prend pas mousse, quoi.



























mardi 28 octobre 2014

Unbirthday party (Nick Cave)


Il était complètement sorti de mon radar, celui-là.
Enfin, pas complètement, il y a quelques années j'avais quand même acheté un disque de Grinderman, je trouvais ce truc assez classe, mais au bout de quelques mois ça m'est sorti de la tête, ça aussi, et j'ai arrêté de l'écouter.
Et puis hier je tombe sur ce film.
Un truc que Monsieur Caverne s'est fait construire à sa propre gloire, une sorte de mausolée quoi. Et tout ce qui va avec comme relents narcissiques et formules définitives.
Une entreprise de ce genre ne peut que mal terminer, et c'est naturellement le cas ici (never mind the spoiler), avec son concert final grandiloquent et bien propret sur lui, décoré par une apothéose de fash-backs incongrus, peintures sur soi et broderies célébrant Son Altesse Nico-Jesus en point de croix.
Mais on voit quand même, de temps en temps, au milieu de toute cette pacotille, des vrais bouts de diamants, rayant ici et là les propos sépia, laissant surgir à travers les trous la durée du temps qui passe et la dureté du temps qui est passé.
C'est l'intensité capturée lors de répétitions irrépétables et irrépétibles, c'est l'inquiétude provoquée par des apparitions fantomatiques lors de trajets en voiture, c'est parfois juste le pli étrange, en forme de Droopy et de supplice muet, que prennent les sourcils ou la bouche de ce monsieur qui paraît s'obstiner, malgré toutes les apparences, à vouloir faire croire au monde qu'en fait il n'a jamais cessé de chanter (déguisé en Elvis ou en Sinatra, en cow-boy ou en loup-garou) dans une fête d'anniversaire. La sienne, bien sûr.
Et qui nous invite donc à venir souffler avec lui les bougies de son vingt-millième jour sur terre, un non-anniversaire comme au Pays des Merveilles, un mensonge fait de vérité, dans un film qui demande à être regardé les yeux fermés.

20,000 Days on Earth

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mardi 24 juin 2014

12 PM (Pink Mountaintops)

M'sieurs Dames bonjour,

Si je viens parmi vous aujourd'hui, ce n'est pas par choix, mais par nécessité.
En effet, depuis que j'ai assisté, la semaine dernière, au magnifique concert fabuleux de Pink Mountaintops, je n'aurai de répit tant que je ne vous aurai pas convertis aux délices de cette pop parfaite et bancale dont le charme immédiat et la richesse inouïe ont déjà été salués dans plus de sept continents.

Je vous prie par conséquent, M'sieurs Dames, de trouver ci-dessous une p'tite compilation élaborée spécialement pour vous, à partir des 2 derniers albums de Pink Mountaintops (mais je vous invite de tout coeur à vous pencher également sur les 2 premiers, qui sont des pépites brutes de cacao intenses comme les larmes et amères comme l'amour).

Je me suis permis de tester les effets de la mixture directement sur mes auricules et je puis vous assurer, M'sieurs Dames, qu'il faut être méchamment sourd pour ne pas succomber à la beauté emplie de grâce qui émane de ces 12 chansons.

Voilà tout, M'sieurs Dames. Et pour conclure, à tous ceux parmi vous qui ont un corps, mes meilleurs vœux de danse à poil devant la glace.


Merci de votre attention, M'sieurs Dames.